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Marc Vasseur (Journal à quatre mains)

DSK osera-t-il la taxe Tobin ?

2 Octobre 2008 , Rédigé par Marc Publié dans #Reflexions...enfin on essaye

 

Le plan Paulson est en passe d’être adopté, son but tenter de cautériser une plaie sur une jambe de bois par le biais des joyeux contribuables. On aura vu avec ravissement certains de nos ânes libéraux se draper dans un linceul de vertu prenant la posture de la vierge effarouché avec les doigts croisés dans le dos,  en dénonçant cette intervention de la puissance publique.

 

Au-delà des effets immédiats, des effets de tribune dénonçant ces spéculateurs avides, ces parachutes dorés, ces suppliques demandant davantage de régulation et de transparence… on arrive au bout d’un système, d’une idéologie. Il ne s’agit pas de dire que l’économie de marché est morte, on serait d’ailleurs bien en peine d’offrir une alternative crédible à celui-ci mais bien de prendre acte que l’absence de toute régulation si elle a effectivement fluidifié les marchés, elle est entrain de liquéfier l’économie dans son ensemble. Ce constat est partagé par de nombreux économistes comme Jacques Sapir qui démontre dans un document d’une douzaine de pages que « les dérives de la finance américaine qui ont contaminé une bonne partie de la finance mondiale sont d’abord et avant tout le produit de la crise d’un modèle de développement, celui du néo-libéralisme américain qui prétend développer une économie capitaliste en comprimant toujours plus les salaires… ». (Les 7 jours qui ont ébranlé la finance)

 

Le courant néolibéral ou capitaliste aura malgré tout réussir à faire croire que les arbres pouvaient monter au ciel par le biais d’un endettement des ménages sans précédent. Cet argent facile aura notamment permis de masquer aux classes moyennes leur appauvrissement bien réel,  gommant du même le caractère profondément inégalitaire voire primaire d’un système basé sur le règne animal. Bien entendu, il est relativement simple de l’enrober sous des mots tels que liberté, responsabilité et même équité. Et surtout qu’on ne vienne pas nous dire que cet effondrement est le fruit de quelques individus… Non, la mise en place des subprimes, des crédits hypothécaires et autres outils encore moins ragoûtants découlent d’une méthode et d’objectifs partagés par la minorité gouvernante, à savoir une accumulation de capitaux toujours plus grande avec comme corollaire une course à la dividende et à la profitabilité toujours plus élevée.

 

Pour l’heure nos politiques tentent de faire bonne figure… entre dénonciation facile, appel à l’union nationale mais la vraie question est de savoir si ils comptent tirer un enseignement de cette crise dont on ne connaît pas encore l’étendue et si la contagion est déjà dans les tuyaux au-delà des Etats-Unis et de l’Union Européenne (le marché immobilier chinois va-t-il tenir…). Si chacun cherche à éloigner le spectre de la crise 1929, il est néanmoins intéressant, comme l’a fait Thomas Piketty,  de regarder qu’elle fut l’action menée par le pouvoir politique dans des conditions somme toute assez similaires. C’est assez édifiant puisque « le taux de l’impôt fédéral sur le revenu applicable aux revenus les plus élevés fut porté de 25 % à 63 % en 1932, puis 79 % en 1936, 91 % en 1941, niveau réduit à 77 % en 1964, et finalement à 30 %-35 %  au cours des années 1980-1990 par les administrations Reagan-Bush ». On notera que ces taux n’ont en rien était préjudiciables à la bonne marche de l’économie même si le niveau d’interdépendance des économies n’était pas aussi élevé qu’aujourd’hui et la contrainte sur les coûts aussi fortes.

 

Cependant, à ce stade, il convient de rappeler que cette contraintes des coûts ne tombe pas du ciel ou de je ne sais quelle main invisible, elle est la conséquence directe de l’idéologie néolibérale rappelée plus haut.

 

C’est donc bien aux politiques de reprendre l’initiative tant au niveau mondial, européen que français. Ce qui tombe plutôt bien que la plupart de ces institutions sont dirigées par des Français ;  au passage, cela démontre que nous avons été particulièrement réceptifs au discours ambiant servi depuis une trentaine d’année par les tenants du tout déréglementation.

 

Aussi, le moment ne serait-il opportun pour le Président du FMI, Dominique Strauss Khan, de lancer une réflexion sur la mise en place de cette fameuse taxe Tobin sur ces  flux financiers ? Il me semble que le Parti Socialiste Européen avait milité en son temps pour une telle taxe mais bon 2003 c’est loin…. Ce serait un premier pas louable et nécessaire.

 

Il est évident qu’une telle initiative devrait s’appuyer sur une lutte réelle contre les paradis fiscaux et autres systèmes off-shore. Il est d’ailleurs savoureux d’entendre des députés UMP appeler de leur vœu un tel effort. Pour rappel, nul besoin de refaire un nouveau rapport, il en existe déjà (celui de Peillon et Montebourg), vilipendé en son temps par ces mêmes députés de droite. Aussi, en tant que Président de l’UE, Nicolas Sarkozy devrait peut être s’en saisir et parallèlement à cela ; proposer la mise en place d’une fiscalité minimale sur les bénéfices des entreprises (cela aussi à participer à cette folie dérégulatrice),  qui pour les 27 est en moyenne inférieure à celle pratiquée aux Etats-Unis. L’Europe est un très bon élève en matière de déréglementation, privatisation…

 

On le voit les pistes existent, les volontés politiques c’est beaucoup moins certain. Cependant, je ne demande pas à Sarkozy de répondre l’urgence de bâtir un nouveau modèle de développement ( en adepte des crédits hypothécaires, de l’endettement des ménages…), je suis plus que réservé sur sa conversion subite.

 

Ces 30 ans de néolibéralisme acharné démontrent l’inanité sociale de ce modèle et des mensonges qu’il véhicule, il n’aura pas non plus réussi à endiguer ce problème qui se pose à l’humanité : celui de l’urgence écologique.

 

Et  au-delà des mots, des concepts marketings  comme croissance soutenable, croissance durable, il y une problématique majeure : à partir du moment où pour la production d’un bien ou la délivrance d’un service, le coût environnemental n’est pas neutre voire négatif, notre écosystème est menacé, aussi tout modèle doit prendre en compte cette contrainte vitale.

 

Le chantier d’une politique de civilisation, chère à Edgar Morin, est bien devant nous, espérons seulement qu’enfin l’Être humain passe de l’adolescence à l’âge adulte.

 

 

 

 

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M
Pour B.A. M.P. et d'autres qui disent n'importe quoi..."Le ministère de l'économie a annoncé, vendredi 3 octobre, que le patron de Dexia, Axel Miller, poussé à la sortie après le rachat de sa banque, a renoncé à sa prime de départ. La ministre française, Christine Lagarde, avait conditionné la recapitalisation de la banque franco-belge à l'abandon de ce parachuté doré, précise Bercy. Le montant des indemnités de départ était estimé à près de 3,7 millions d'euros".AFPIl y aura sans doute d'autres exemples de la volonté de Nicolas Sarkozy de lutter contre la pratique inadmissible des parachutes dorés, surtout dans le cas d'échec manifeste (mais pas seulement).
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M
on devrait plus parler de "golden parachutes", mais des "golden balls" !!!!sinon, excellent analyse de Peillon sur son bloghttp://peillon.typepad.fr/index/2008/09/vincent-peill-2.htmlsans parler du scandale des 30 000 logements rachetés à Bouygues
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B
La banque Dexia devait faire faillite. Mardi 30 septembre, le gouvernement français, le gouvernement belge, et le gouvernement luxembourgeois ont injecté 6,4 milliards d’euros pour renflouer la banque Dexia. Les contribuables vont verser 6,4 milliards d’euros pour sauver la banque Dexia de la faillite.<br /> Scandale supplémentaire : le patron de Dexia, Axel Miller, va partir en empochant 3,73 millions d’euros en parachute doré. Axel Miller a osé éclater de rire quand on lui a parlé de son parachute doré. Regardez cette video insupportable :<br /> http://aliceadsl.lci.fr/infos/economie/conjoncture/0,,4108048-VU5WX0lEIDUzNg==,00-le-fou-rire-du-patron-de-dexia-sur-son-parachute-dore-.html
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A
@Marc d'HéréSociaux libéraux... ce sont pas ceux, comme Tony Blair, qui ont favorisés l'endettement des ménages britaniques jusqu'à atteindre 160% de leur ressources ? A moins que ça soit ceux, comme Zapatero, qui aient poussé les ménages Espagnols à s'endetter pour acquérir un logement et qui sont, maintenant que la bulle immobilière implose, menacés de se retrouver à la rue ? Mais peut-être me trompe-je, fanatique que je suis... Ceci dit c'est vrai que l'attitude de Sarkozy est calme et déterminée... pour sauver ces potes de la finance. Il sort 3 milliard de son chapeau pour sauver Dexia alors qu'il y a même pas une semaine tout le monde au gouvernement se grattait la tête pour savoir où trouver 1 milliard pour le RSA. C'est pas grave ça va être financé sur le livret A avec le pognon des logements sociaux. Les pauvres vont rester pauvres mais surtout les riches vont rester riches. L'honneur est sauf !
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D
OMG, la gauche moderne est là ? Vite le formol et les outils. Un tel spécimen est rare. Que va-t-il nous dire au sujet de la comédie autour du mini sommet du nain ?http://afp.google.com/article/ALeqM5hMdMfkn6JMCUhr_xvD6rSzuKcGrgLes Allemands refusent de laisser les banques se reguler toutes seules avec l'argent public: ils ont raison, on ne doit pas sauver 20 000 raclures avec l'argent public.
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