Sur la démission des maires et de la démocratie en général.
Une étude récente dévoile que que près de la moitié des maires ne souhaitent pas se représenter lors des prochaines municipales de 2020.
Incontestablement, le mandat de maire est probablement le plus difficile, il revêt tant d’aspects et ce quelque soit la taille de la ville, qu’il ne peut souffrir d’aucun écart en matière d’investissement personnelle. Et c’est peut aussi pour cela que c’est, à mon sens, le plus beau et qu’il n’est pas à la porté de tout le monde, moi le premier.
C’est peut être aussi pour cela que le maire reste le représentant politique le plus apprécié des citoyens. C’est peut aussi pour cela qu’il est jusqu’à maintenant un des plus prisés par le personnel politique.
Mais aujourd’hui, ce mandat semble aussi frappé par la crise des vocations. Quand on suit la vie politique, on sait que cet n’est pas nouveau avec notamment une juridiarisiation de plus en plus prononcée vis à vis de la fonction. Sans parler d’une réalité de plus en plus cruelle sur les marges de manœuvres des maires sur la vie de leur commune qui elle dépendent de plus en plus des grands ensembles techno-administratifs.
Force est de constater une accélération notable de ce phénomène avec la fin de la taxe d’habitation… qui finit d’achever l’autonomie relative de la collectivité vis à vis de l’Etat – déjà le transfert de la taxe professionnelle avait mis à mal cette dernière -. Dernière coup, le mécanisme de l’Etat visant à limiter les hausses du budget de fonctionnement qui est souvent la résultante d’un investissement.
Bref depuis près de 20 ans… le pouvoir des maires a été passablement rogné au point que certains se considèrent comme de simples plantes d’ornementation alors qu’une mairie devient la dernière lumière allumée à laquelle on ose encore demander des solutions rapides et pérennes. Bref, le maire doit solutionner la quadrature du cercle sans en avoir les moyens. Dans ces conditions, on comprend bien que beaucoup aient le désir de jeter l’éponge.
Au demeurant, cette réalité traduit un symptôme qui s’aggrave celui d’un système démocratique englué dans une crise profonde et qui ne cesse de s’aggraver et où on ne voit aucun signe permettant un peu d’optimisme… bien au contraire.
Gilets jaunes, atomisation de la société, corps intermédiaires frappés d’illégitimité, abstention record, partis politiques nouveaux ou anciens enfermés dans une tour d’ivoire où règne la loi du silence et de l’a-démocratie.
Naïvement, on pouvait penser qu’avec l’émergence d’Internet et de sa généralisation – avec les réseaux sociaux – s’ouvre de nouveaux champs des possibles malheureusement, on n’a pas encore dépassé le stade des balbutiements – en restant optimiste -. Au contraire, on a le sentiment d’assister à un repli généralisé où il devient impossible d’échanger sans invectiver celui qui n’est pas d’accord avec soi.
Attentif aux réseaux sociaux depuis près d’une dizaine d’années, j’observe avec consternation la dégradation de ces derniers en matière de politique. Avec ce mouvement des « gilets jaunes », on passe un cran supplémentaire… du non respect de l’autre, on est désormais au mépris caractérisé sans la moindre retenu et ce de la part de militants que je suis depuis de longue date. J’avoue non seulement une complète incompréhension mais aussi une totale sidération.
On ne cherche plus à convaincre… on veut seulement discréditer, piétiner, humilier l’autre. Et cette tendance n’est pas propre aux seuls militants, c’est désormais le cas de dirigeants.
Tout ces signaux, ces réalités font que plus jamais le système démocratique est dans une crise majeure dont on peine à percevoir des jours plus chantants.
Nous sombrons… jusqu’où ?