Insécurité et Gilets Jaunes… tombeau des désillusions.
Il y a quelques jours, je parlais d’émergence d’un nouveau monde bipolaire. Le hasard des écrits faisant parfois bien les choses, depuis quelques jours est apparu dans notre vocabulaire, les Gilets Jaunes.
Il ne se passe plus un jour, sans qu’on essaye de nous expliquer, ce qu’il est. A cette heure, la seule certitude que nous pouvons avoir, c’est qu’il se révèle être la quintessence d’un mouvement atomisé. Deuxième certitude, une certaine cécité des politiques et des syndicats à comprendre ses ressorts et plus particulièrement pour le pouvoir en place.
Ce constat devient également un invariant quelque soit le gouvernement en place. Avec néanmoins une différence de taille avec ce qu’on a connu dans le passé, un parti de gouvernement faiblement structuré et des relais locaux tout aussi inexistant. A ces deux handicaps, on est tenté d’en ajouter un troisième, une sociologie militante en complet décalage avec la réalité sociale du pays.
Au fond, on serait tenté de penser que LREM est en train de vivre en accéléré ce que les partis de l’ancien monde ont connu en quelques décennies, avec le risque bien réel d’en connaître les mêmes cruelles désillusions.
Autre parallèle intéressant à observer la réaction des militants LREM vis à vis des gilets jaunes, qui est en bien des points identiques aux militants socialistes des années 90 quand on osait aborder la question de l’insécurité. Ceux qui bravaient cet interdit se voyaient au mieux accuser de faire le jeu du Front National au pire d’être devenu des cryptos fascistes.
S’il a fallu près de 15 ans au PS pour s’effondrer du fait d’un socle en rien comparable à celui de LREM aujourd’hui, force est de constater que le collapse a bien eu lieu. Alors sans vouloir faire l’oiseau de mauvais augure, il est fort possible que le résultat soit le même mais dans un laps de temps beaucoup plus court.
Seule chance pour LREM, le discrédit qui frappe les anciennes formations néanmoins miser sur ce seul fait peut être particulièrement dangereux pour la suite. D’autant plus quand d’autres informations viennent parasiter la communication officielle.
Par nature quand un mouvement est suivi avec attention par les citoyens, toute information en lien directe ou indirecte avec ce dernier, prend un écho encore plus important. C’est probablement le cas avec Carlos Ghosn – Patron de Renault Nissan – arrêté pour suspicion d’abus de bien social. Comme le disait François Mitterrand, la politique est avant tout une affaire de symbole, et celle-ci n’est pas neutre, loin s’en faut.
Autre problème, un chef de gouvernement qui devant les français tient un discours où l’essentiel du propos se résume à un laconique « je vous ai entendus mais je garde le cap ». Attitude très juppéiste – on en attendait pas mois ne lui – mais on sait comment elle a fini…
Si au final, rien à ce stade ne permet d’entrevoir l’issue des Gilets Jaunes, d’aucun aurait tort de n’y voir qu’une bande de gueux illettrés mue par la seule revendication d’une essence trop chère.
Comme tout mouvement, il est complexe composé de multiples agrégats ; par des individus très divers tant dans leur expression que dans leur rapport à la vie politique. Et ce serait une faute d’analyse majeur de le balayer d’un simple revers de main.
Il traduit peut-être davantage le désarroi de beaucoup de français de n’être plus entendus par les politique… le mouvement des sans voix… peut être.